Fin
février 2005, après C’est bien cruel… mais c’est
la vie (1997), puis Encore un chef d’œuvre (2001), Yannick Le Nagard
sort donc chez Mosaïc
Music son nouveau CD, Vous êtes jeune
(c’est bien, continuez).
Il y présente treize titres de son cru, tous inédits, et qui composent
l’ossature de son spectacle actuel.
Dans
la lignée des Kinks, Dutronc, Squeeze,... les orchestrations sobres et
percutantes soulignent le joyeux esprit polémique des chansons.
Il
faut dire que du beau monde s’est penché sur le bébé,
entre autres :
A la direction artistique et au piano : le sémillant Antoine
Sahler (ACI lui-même, son CD Nos futurs vient de sortir chez
Harmonia Mundi) ;
A la batterie : le bondissant Peyo Lissarrague (percussionniste d’Alexis
HK, et ACI lui-même aussi) ;
A la basse : le rassurant Eric Mouchot (jazzophile émérite et
pas sectaire) ;
A la guitare électrique : le rugissant Bertrand Belin (ACI lui-même
itou, son CD sort chez Acousti en février 2005 !) ;
Aux chœurs : The
Yoba brothers et I Etur Vuomi, deux groupes vocaux dont la réputation
n’est plus à faire.
Vous êtes jeune | Paroles | Accords |
Ton petit ventre | Paroles | Accords |
La maladresse | Paroles | Accords |
Les bonnes manières | Paroles | Accords |
Sixième sans ascenseur | Paroles | Accords |
Eloge de la cuite | Paroles | Accords |
Une chanson pour Johnny | Paroles | Accords |
Bien loin de la ville | Paroles | Accords |
Cadeau d’amour | Paroles | Accords |
A la Défense | Paroles | Accords |
Déranger le monde | Paroles | Accords |
Hôtel périphérique | Paroles | Accords |
Allez, viens Jean-Paul |
Paroles | Accords |
Vous êtes jeune
Vous êtes moderne
Vous êtes efficace
Vous êtes pragmatique
Vous êtes autonome
Vous êtes performant
Vous êtes responsable
C’est bien, continuezVous aimez la culture rap
Vous aimez la culture pop
Vous aimez la culture zap
Vous aimez la culture zobVous aimez la culture virtuelle
Vous aimez la culture lave-vaisselle
Vous aimez même la culture culturelle
C’est bien, continuezVous gardez le sens du scandale
Vous allez au bureau en sandales
Vous écornez vous-même votre image
Vous êtes encore très Rock n’ roll pour votre âge
Vous êtes jeune
Vous êtes moderne
C’est bien, continuezVous êtes oh, tellement
Vous êtes oh, vraiment
Vous êtes oh, infiniment
Vous êtes oh, absolument
Vous êtes oh, furieusement
Vous êtes oOoOhoHohh !
Mais alors surtout mais alors surtout
Mais alors vous êtes VOUS !!Vous pensez positif
Vous chantez positif
Vous parlez positif
Vous respirez positif
Quand on vous dit positif
Vous répondez positif
Ben tout cela m’a l’air plutôt
Globalement positif
C’est bien, continuez !Bercé par cette barbarie douce
Vous évacuez les questions
Car il faut continuer la course
Et renouveler dans votre salon
Les mille et une cyber-breloques
Qui entretiennent votre hypnose
Et votre nostalgie des époques
Où il se passait quelque choseQuelque chose, quelque chose
Mais c’est pas grave
Du moment que vous êtes jeune
Du moment que vous êtes moderne
Du moment que vous êtes efficace
Du moment que vous êtes pragmatique
Du moment que vous êtes
cynique et sympathique
Du moment que vous êtes
ludique et dynamique
Du moment que vous êtes
cynique et sympathique
Du moment que vous êtes
ludique et dynamique
Du moment que vous êtes écolo
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Anarcho
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Libéro
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Socialo
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Electro
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Mégalo
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Bricolo
(mais pas trop quand même eh, oh !)
Rigolo
(mais pas trop quand même eh, oh !)
C’est bien, ContinuezHypermétrope, eczémateux,
Onychophage, scoliotique,
Agoraphobe, migraineux,
Sujet à des constipations chroniquesAllergique aux poils de matou
Chauve de la tête, ou bien d’ailleurs
Oreilles en forme de feuille de chou
Genoux cagneux, dents du bonheurPetites tares congénitales
Légers défauts qui se voient que tout nu
On est tous un petit peu bancal
On est tous un peu mal foutuAlors faut pas en faire un drame
Faut pas que ce détail te tourmente
Je dois te l’avouer madame
Je l’aime bien ton petit ventreLa tour de Pise serait banale
Si elle était droite comme un I
Tout le charme de la vache qui rit
Est dans le foutu papier alu
Qui l’emballeAimerait-on autant l’alcool
Si ça tordait pas les boyaux ?
Renaud ne serait plus une idole
S’il se mettait à chanter justeC’est toujours les petits travers
Qui font les plus charmants appâts
Et puis rien n’est parfait sur terre
Non, vraiment, à part moi, je vois pasAlors faut pas te faire de bile
La chose est plutôt émouvante
A chacun son talon d’Achille
Je l’aime bien ton petit ventre
Ton petit ventreDes camemberts sans asticot
Et des campagnes sans coquelicot
Dans les frigos, dans les assiettes
Des tubes, des briques, des boîtes
et des barquettesSur les écrans, rien que des blondasses
Zéro pour cent de matière grasse
Les petites marionnettes du showbiz
Zéro pour cent de matière grisePlus rien de tordu, plus rien de bizarre
Il aura l’air d’un hôpital
Ce monde tout propre qu’on nous prépare
Chez Vivendi Univers SaleC’est un îlot contestataire
Qui fait de toi une résistante
A l’alignement planétaire
C’est un trésor de guerre
Ton petit ventre, ton petit ventreLes petits compliments comme ça
Ça fait du bien par où ça rentre
Alors je te le dis encore une foisJe l’aime bien ton petit ventre
Ton petit ventreEt toi aimes-tu bien le mien ?
Je t’apprendrai la maladresse
Et l’inutilité
Je t’apprendrai les pataquès
L’art de perdre tes clésA goûter les malchances
Comme des friandises
A partir en vacances
Les jours de grève surpriseJe t’apprendrai les escarbilles
Les chaussures trop petites
Tu choisiras toujours la file
Qui avance le moins viteTu feras du tourisme
D’Hagondange au Creusot
Tu seras spécialiste
De la crêpe aux grumeauxElle ne pointe pas l’évidence
Ma folle boussole
On n’enseigne pas l’excellence
A mon écoleTu te lèveras comme un lundi
Alors qu’on est dimanche
Tu mangeras tes spaghetti
Avec une chemise blancheTu chériras les heures
Perdues à ne rien faire
Tu connaîtras par cœur
L’adresse de la fourrièreJe t’apprendrai la maladresse
Les rhumes en plein été
A regarder les sot-l’y-laisse
Te passer sous le nezLes burlesques manières
De te cogner la tête
Et d’ouvrir à l’envers
Les boîtes d’allumettesJe t’apprendrai la maladresse
Je t’apprendrai la maladresse
Je t’apprendraiMonsieur le président directeur général
De Totalfina
Sait retirer la peau du saucisson à l’ail
Sans y mettre les doigtsIl connaît les bonnes manières
Sa maman peut être fière
Même s’il tue de temps en temps
Quelques milliers de goélands
Il connaît les bonnes manières
Ne lui jetons pas la pierre
Même s’il y a en Birmanie
Des esclaves qui bossent pour luiMonsieur le président du bureau directeur
De la banque mondiale
Ne met pas en public d’index inquisiteur
Dans ses cavités nasalesIl connaît les bonnes manières
Sa maman peut être fière
C’est qu’il en faut pour fréquenter
Tous les mafieux du monde entier
Il connaît les bonnes manières
Ne lui jetons pas la pierre
Même s’il y a en Helvétie
Des milliards qui bossent pour luiMonsieur le présentateur du journal de 20 heures
De la première chaîne
Ne vient jamais devant les téléspectateurs
Sans se donner un bon coup de peigneIl connaît les bonnes manières
Sa maman peut être fière
Même s’il doit parfois en secret
Faire du faux pour que ça fasse plus vrai
Il connaît les bonnes manières
Ne lui jetons pas la pierre
Même s’il y a partout jour et nuit
Le malheur qui bosse pour luiSi par hasard un jour, chers messieurs de la cour
Mais c’est bien improbable
Si par hasard un jour on se retrouve autour
De la même tableNe me jetez pas la pierre
Si j’ignore vos manières
J’aurai surtout à retenir
Une furieuse envie de vomir
Je me fous de vos manières
Mais n’en dites rien à ma mère
La pudeur est le seul trésor
Que votre monde lui laisse encoreElle vient de louer
Un dix-sept mètres carrés
Tout en haut d’un immeubleDepuis que je l’ai aidée
A tout emménager
Je fais partie des meublesSixième sans ascenseur
C’est toujours en sueur
Que j’arrive chez elleComme si j’avais au moins
Fait la moitié du chemin
Qui mène au septième cielA deux doigts de la crampe
Je m’accroche à la rampe
Haletant je chancelleJe souffle et je maudis
Le crétin qui a dit
Que l’amour donnait des ailesJ’affronte chaque jour
Le long compte à rebours
Pour le sourire espiègleD’une oiselle perchée
Qui a voulu nicher
Aussi haut que les aiglesSixième sans ascenseur
Lorsque je sens mon cœur
Qui s’emballe à tout vaJe me dis que sans erreur
Je pourrais pas faire facteur
Ni témoin de JéhovahBien des gens ont rêvé
Comme dans les contes de fées
D’abriter leur idylleAu sommet d’un château
Moi, je ferais plutôt
Des rêves de bungalowEt petit à petit,
J’avale sans appétit
Toutes ces marches que je monteY en a 233
Précisément, comme quoi
Même quand on aime, on compteSixième sans ascenseur
Si notre petit bonheur
Dure encore quelques moisJe me retrouverai avec
Les mollets de Zatopek
Et mon premier chamoisSixième sans ascenseur
Si le jeu peut faire peur
Il en vaut la chandelleQuitte à rater la sieste
J’escaladerais l’Everest
Pour m’allonger près d’elleJe ciselais dans ma soupente
Mes ballades récalcitrantes
Sans le sou mais riche d’espoir
Je sacrifiais tout à mon artEt pendant des nuits entières
Je souffrais, mais j’étais fier
De vivre le même ordinaire
Que Rimbaud, Verlaine et BaudelairePuis à force d’insistance
De poétiques pénitences
J’ai composé l’œuvre
Qui va changer ma vieComme inspiré par le ciel
Peut-être par l’ange Gabriel
L’autre soir j’ai écrit
Une chanson pour JohnnyFinis les couplets de misère
Qui me payaient même pas mes bêtes bières
Finies les piles d’octosyllabes
Qu’on écoute en se grattant la barbeJe vais enfin rejoindre la sphère
De ce vrai chanteur populaire
Qui fait de la culture de masse
A 650 francs la placePour soigner son compte en banque
Quand on n’est qu’un saltimbanque
Vaut mieux pas trop faire
Dans les allégoriesPour provoquer la fortune
J’ai mis du plomb dans ma plume
Et l’autre soir j’ai écrit
Une chanson pour JohnnyMais n’allez pas croire que c’est si facile
D’écrire des petites chansons débiles
C’est tout un art de savoir dire
Aux gens ce qu’ils veulent s’entendre direC’est tout un art de savoir plaire
A tous les prépubères
Autant qu’aux trentenaires
Aux quarantenaires, quinquagénaires
Sexagénaires, octogénaires
Et même à tous les pensionnaires
Du cimetièrePour que règnent la cohérence
La soumission, la somnolence
Et l’union sacrée
Dans notre beau paysIl suffit simplement de faire
De temps en temps une bonne guerre
Et matraquer jour et nuit
Les chansons de JohnnyBien sûr parfois je nourris quelques scrupules
Ouais mais bon
Ce serait un comble somme toute
De cracher dans la soupeQuand ma conscience au cœur de la nuit
Vient me réveiller dans mon lit
Je me fais des réflexions
De marchand de canon
Et en moi-même je me dis« Si je fais pas ce job dégueulasse
Un autre le fera à ma place »
Alors basta, moi j’écris
Des chansons pour JohnnyEt si un beau jour je deviens
A la une des quotidiens
Le roi de la rime qui balance
Le Goebbels de l’insignifianceParmi les Beautiful People
Qui jouent du beautiful pipeau
Et les belles gamines aux belles gueules
Qui chantent assises sur leur microBardé de mes disques d’or
Je déposerai sans remords
Ma candidature à l’académieSe pourrait-il que la France
N’accorde aucune reconnaissance
A ceux qui ont écrit
Une chanson pour Johnny
Une chanson pour JohnnyIl y aura des hivers
Des temps difficiles
On n’est pas millionnaires
Loin de làIl y a tout à refaire
Le toit, la cuisine
Mais parfois j’ai du courage
Tu verrasNous voilà enfin bien loin de la ville
Qui nous avait ensevelis
Il était grand temps qu’on s’enfuieNous voilà dans notre nouvelle vie
Ça y est tu vois, le pas est franchi
Je suis crois-moi, le premier surprisNous voilà enfin bien loin de la ville
Qui nous avait ensevelis
Il était grand temps qu’on s’enfuieNous voilà dans notre nouvelle vie
Ça y est tu vois, le pas est franchi
Je sens déjà qu’on sera bien ici
Je me sens bien iciSi Pénélope en son Ithaque
Put patienter pour son Ulysse
C’est qu’elle cachait dans son sac
Certainement quelque compliceSi Jeanne d’Arc a su attendre
Qu’on la brûle pour avoir enfin
Quequchose de chaud entre les jambes
C’est sûrement qu’elle en avait unAlors
Puisque je m’en vais quelques jours
Et que ton désir de m’être fidèle
Risque d’être un fardeau bien lourd
Sur tes épaules de demoisellePuisque tu m’avouas sans détour
Qu’il n’est rien de mieux pour t’ensommeiller
Je t’offre ce cadeau d’amour
Que tu cacheras sous ton oreillerPour couper l’herbe sous le pied
A tes tentations d’adultère
J’ai bien cent mille fois rêvé
D’être le seul mâle sur terrePour me rassurer, tu répliques :
« C’est vrai que j’aime bien les hommes,
Mais pour goûter à leur alcool,
Faut se trimballer tout l’alambic »Alors
Pour t’épargner tout le tintouin
Des hypocrites civilités
Dans les heures où t’auras besoin
D’un petit coup de main pour prendre ton pied
Pour t’éviter d’avoir recours
A quelque bellâtre con comme un poisson
Je t’offre ce cadeau d’amour
Qui te fera pas la conversationÇa peut paraître un peu bizarre
De faire ainsi l’apologie
De cet insolite cigare
A consommer seule dans son litMais ne vaut-il mieux pas faire l’usage
De ce damné succédané
Plutôt que de s’enfiler tout le voisinage
Et de faire comme si de rien n’étaitAaalooooors
Puisque tu choisis de m’attendre
Pour faire le deuxième dos de la bête
Que je revienne me laisser prendre
Par les sentiments et les centimètresEn guise d’issue de secours
Et de soupape de sécurité
Je t’offre ce cadeau d’amour
Dont tu pourras jouir autant qu’il te plaîtPuisque je m’en vais quelques jours
Et que ton désir de m’être fidèle
Risque d’être un fardeau bien lourd
Sur tes épaules de demoisellePuisqu’en fin de compte, ça rend pas sourd
Sinon y en a beaucoup qui le seraient
Je t’offre ce cadeau d’amour
Qui t’évoquera nos instants secrets
Qui te rappellera, mon amour
L’effet que tu me faisA LA DEFENSE
(d'après A Batignolles d'Aristide Bruant)D’escalators en ascenseurs
On court sans faire battre son cœur
Une nouvelle journée commence
A la DéfenseDes flots d’humains vont s’embarquer
Dans des tours de verre et d’acier
D’où l’on croit faire tourner la France
A la DéfenseDirecteurs et sous-directeurs
Jolies secrétaires en tailleur
T’as la gueule de ta compétence
A la DéfenseEt de réunions en dossiers
Et de rapports en comités
On fout pas grand-chose en substance
A la Défense
C’est pas l’atelier, pas la mine
C’est pas le chantier, pas l’usine
Alors on se dit qu’on a de la chance
A la DéfenseC’est juste le quotidien sans faille
De la moderne chair à travail
Licencié soit qui mal y pense
A la DéfenseDans tous les enterrements
Elle fait une gueule d’enterrement
Et dans tous les mariages
Elle fait une gueule de mariageElle est pas contrariante
Avec le voisinage
Avec l’aréopage
Des bonnes gens importants
Elle dit tout le tempsFaut pas déranger le monde
Traversons notre vie bien discrètement
Faut pas déranger le monde
Nous qui ne sommes que de petites gensQuarante années durant
Il aura usé le chemin de l’usine
Travaillant vaillamment
Soumis, docile, au point d’aimer sa machineDans le jardin étroit
Qu’il cultive maintenant
Poireaux et petits pois
Sont encore bien en rang
Il dit tout le tempsFaut pas déranger le monde
Laissons donc faire les ministères compétents
Faut pas déranger le monde
Nous qui ne sommes que de petites gensAinsi vont les choses depuis…
200 ans, 2000 ans, 20000 ans
Ainsi vont les choses depuis trop longtemps
Alors tant qu’il nous reste encore des dents
Quelles que soient nos vies
Qui que soient nos parents
Allons-y maintenantAllons déranger le monde
Mettre notre grain de sel dans sa cuisine
Allons déranger le monde
Glisser nos grains de sable dans sa machine
Allons déranger le monde
Le monde
Des coups tordus derrière les belles vitrines
Allons déranger le monde
Le monde
Des grands principes et des petites combinesOui, tant qu’il nous reste encore des dents
Quelles que soient nos vies
Qui que soient nos parents
Allons-y maintenantAllons déranger le monde
Le monde…
Allons déranger le monde
Le monde…
Allons !
Allons déranger le monde
Le monde
Avant qu’il s’endorme devant son écran
Allons déranger le monde
Le monde
Avant qu’il s’étouffe dans son propre sang !Quand on est à jeun
On compte trop bien ses frangins
On prend les chemins loin du vide
On est lucideQuand on est à jeun
Les cœurs sont des pruneaux d’Agen
On se cogne toujours trop tôt
Sur le noyauQuand plus rien ne tourne ici-bas
Vaut-il mieux, à défaut d’espoir
Boire du rouge ou broyer du noir
Lever le coude ou baisser les bras ?Eloge de la cuite
Ce petit suicide sans suite
Juste tutoyer l’échéance
Sans conséquenceEloge de la cuite
Quand l’amour s’enfuit comme une truite
Faut parfois noyer le poisson
Dans la boissonQuand on est bourré
On est mûr pour philosopher
Pour tirer la chasse d’eau de la tête
On devient poèteQuand on est torché
On n’arrive plus trop à marcher
Mais c’est pas grave, vu qu’on sait pas
Où c’est qu’on va !C’est l’élixir universel
Qui rajeunit les vieux cerveaux
Quand tu crois plus au Père Noël
Tu peux toujours croire au PernodEloge de la cuite
Histoire que nos douleurs s’ébruitent
Pour défaire les nœuds qui ravagent
Nos œsophagesEloge de la cuite
Qui rend myope autant que presbyte
Et tout devient beau tout à coup
Quand tout est flouL’alcool ça fait tomber les masques
Et tant pis si on s’paye un casque
Et tant pis si nos bonnes descentes
Nous entraînent sur la mauvaise penteEloge de la cuite
L’eau de vie c’est mieux que l’eau bénite
Pour aller goûter sans mélange
La part des angesEloge de la cuite
Des cow-boys jusqu’aux moscovites
Et même en Arabie Saoudite
On connaît les mérites
Sans limites
De la cuiteMettons nous un bon coup dans l’aile
Et tous ensemble décollons
Vers cet univers parallèle
Où tout le monde a l’air moins conCeinture de bitume
Bretelles de béton
Paris est serré
Dans son pantalonVoici que s’allument
Là-haut les néons
Je passe la nuit
Loin de la maisonCe n’est pas Chambord
Mais c’est bien pratique
Un hôtel au bord
Du périphériquePetite cellule
Rose artificiel
Hublot minuscule
Sur le noir du cielLavabo blanc crème
Shampooing et savon
Juste l’essentiel
En échantillonsC’est là le décor
Simili plastique
D’un hôtel au bord
Du périphériqueJ’attends le sommeil
En scrutant le papier peint
Et si j’ai pas sommeil
Ben, j’attendrai le matinDans la chambre il y a
La télévision
Alors je regarde
La télévisionBretelles de béton
Ceinture de bitume
Paris est serré
Dans son vieux costumeUn filet de brume
Agace les néons
Je sors de la chambre
Les jambes dans le cotonJ’ai mal fait le mort
J’ai mal fait le vide
Dans cet hôtel au bord
Au bord de la villeOù des millions de corps
Reprennent le cycle
Tournent tournent encore
Sur le périphériqueDans le ciel il y a
Des traînées d’avion
Alors j’imagine
Où vont les avionsTu auras bientôt 85 ans
Tu traînes tes vieux os si péniblement
Toute une vie de dur labeur
Qui s’achève dans la douleur
C’est tristeAvant de partir, avant que tu meures
J’aimerais t’offrir un peu de bonheur
J’ai pris mes RTT pour toi
Alors dis-moi quand
Je viens te chercher chez toi
Au VaticanAllez viens Jean-Paul
On va déconner
L’est temps que tu rigoles
Avant de canner
Et d’aller croupir
Dans ton paradis
Où les bars sont fermés la nuitViens on va flamber
Claquer sans limites
Il faudrait passer
10000 siècles au Ritz
Pour venir à bout
De tout l’argent qui dort
A l’abri de tes coffres-fortsAllez viens Jean-Paul…
Allez viensOn fera du stock-car
Dans les rues de la ville
J’ai piqué les clés
De la PapaMobile
Vu qu’elle est blindée
Comme un slip de bonne soeur
On pourra rouler à 100 à l’heureJe suis sûr qu’Jean XXIII
Paul VI et Pie XII
Aimaient bien quequfois
Se taper une bonne binouze
Allez viens Jean-Paul
Montre-moi ce que c’est
Qu’être saoul comme un pape polonaisAllez viens Jean-Paul
On chantera cette chanson folle
Celle du temps où on t’appelait KarolEtre une heure, une heure seulement
Etre une heure, une heure quelquefois
Jeune, jeune
Jeune et pape à la fois